Durant la seconde moitié du siècle dernier, surtout dans les années 60 et 70, les Etats-Unis connurent de fréquents conflits de travail. Dans les mines de charbon de Pennsylvanie, les conditions de travail étaient épouvantables. La main-d'oeuvre - en majorité des immigrés irlandais - était payée 50 cents pour une journée de 12 à 15 heures. On assistait fréquemment à de violents heurts de mineurs irlandais avec les patrons des mines - d'origine anglaise ou galloise.
Pour lutter contre les propriétaires des mines, une société secrète s'était formée, les
Mollie Maguires. Ce fut elle qui organisa la première grève dirigée contre les entreprises minières d'Amérique. Mais sa politique de résistance ne se limitait pas aux grèves ; les Mollie Maguires suscitèrent des émeutes et on les rendit responsables de la mort de 150 personnes.
[...] En 1877, par exemple,
"Yellow Jack" Donohue fut reconnu coupable du meurtre d'un contremaître. Trois autres syndicalistes furent condamnés en même temps que lui à la pendaison pour le meurtre de neuf autres contremaîtres. Deux des condamnés allèrent à la mort avec un admirable stoïcisme mais le troisième,
Alexander Campbell, ne cessa de clamer son innocence.
Le jour de l'exécution, alors qu'on le tirait de force de sa cellule, qui portait le numéro 17,
Campbell frotta sa main gauche dans la poussière du sol et pressa sa paume contre le mur de plâtre.
"Cette empreinte restera là à jamais afin de proclamer mon innocence", s'écria-t-il.
Pendant qu'on l'entraînait vers l'échafaud, il ne cessait de proférer ce serment. Finalement, la trappe s'ouvrit et son corps se balança au bout de la corde. Il mit 14 minutes à mourir.
Campbell était mort, mais l'empreinte de sa main, elle, demeura sur le mur, comme il l'avait prédit.Lorsque Robert L. Bowman fut nommé shérif de
Carbon County, la région où s'étaient produits les événements que l'on vient d'évoquer, il jura de faire disparaître la fameuse empreinte qui continuait de témoigner de la terrible injustice dont on s'était jadis rendu coupable. En décembre 1931, il envoya dans la cellule 17 une équipe d'ouvriers, chargés de refaire les plâtres du mur sur lequel se trouvait l'empreinte.
Le lendemain matin, quand le shérif entra dans la cellule, il constata avec horreur que l'on voyait toujours le faible tracé d'une main dans le plâtre encore frais. Le soir venu, l'empreinte était de nouveau entièrement visible.On peut encore la voir aujourd'hui sur le mur de la cellule 17 où l'on n'enferme plus personne et que l'on n'ouvre qu'à certaines occasions pour la faire visiter à quelques visiteurs de marque
.
A la fin de 1978, quelqu'un a réussi à y pénétrer et à la recouvrir d'une couche de peinture.
Quelques minutes plus tard, l'empreinte a réapparu.